Sans savoir que mes plans allaient changer, gracieuseté de
l’agence de voyage, j’ai pris tout mon temps pour explorer Varanasi en cette
première de deux journées en ville. Malheureusement, les horaires de train
ayant changé, je découvrirais que cette simple exploration serait la seule
expérience que j’aurais de Varanasi.
Bonne nouvelle toutefois, au lieu de visiter des lieux secondaires,
je me suis aventuré sur les ghats, en bordure du Gange. J’ai abouti directement
au plus important de tous, celui où plus de 300 crémations sont organisées
chaque jour. Il y a des piles de bois partout.
Encore, être Blanc garantit qu’on se fera harceler. Un
Indien qui parle français m’assure qu’il ne me demandera pas d’argent pour me
raconter l’histoire de cet endroit. On voit des gens qui vont prendre leur bain
sacré dans le Gange. D’autres qui montent à bord d’un bateau pour aller lancer
les cendres d’un défunt en plein milieu du fleuve.
Le plus intéressant est la crémation elle-même. Fumée en
quantité industrielle. Poumons emboucanés assurément.
Il ne faut pas prendre de photos des cérémonies, où seuls
les hommes peuvent être présents (et les femmes qui sont des touristes).
Apparemment, c’est parce que les femmes ont tendance à y pleurer, ce qui est un
signe de mauvais sort pour le défunt.
Il faudra 300 kilos de bois pour brûler un corps en entier.
Le feu sera allumé par le conjoint d’une femme décédée ou par le père du
défunt. Ceux-ci doivent être habillés de blanc et se faire raser la tête et la
barbe. La poitrine des hommes et les hanches des femmes ne brûlent pas et sont
lancés directement dans le Gange après la cérémonie.
Ceux qui sont en charge de la crémation briseront le crâne
du mort, techniquement pour permettre à l’âme de sortir. Mon guide me dit que
c’est pour des raisons physiques lors de la combustion. Difficile de bien
cerner la vraie raison. Après les trois
heures nécessaires pour bien brûler un cadavre, qu’on aura préalablement baigné
dans le Gange, les responsables de la cérémonie chercheront dans les cendres
pour trouver des bijoux. Il s’agit d’un cadeau du mort et ils peuvent les
garder.
On m’explique que de brûler un corps à Varanasi et le lancer
dans le Gange empêche la réincarnation, ce que souhaitent les hindous
apparemment. Cinq catégories de personnes ne sont pas brûlées, soit les femmes
enceintes, les enfants de 10 ans ou moins, les lépreux, les moines et ceux qui
meurent d’une morsure de serpent. On les attache à une grosse pierre et on les
lance intacts au milieu du Gange. Sinon, ils flotteront.
J’ai regardé un temps les cérémonies, chose très étrange
quand on s’imagine être aux funérailles de quelqu’un et qu’on voit des corps
brûler. Partout aux environs des lieux de crémation, des gens demanderont des
dons pour les hospices. On me dit que c’est une arnaque, qu’il ne faut rien
donner. Et il faut refuser toute offre
qu’on nous fera de nous donner une meilleure position pour voir la
cérémonie ou toute permission qu’on nous donnerait pour prendre des photos en
échange d’un peu d’argent.
Après un passage dans le magasin de soie de mon guide, où
les prix étaient semble-t-il fixes mais où on m’a proposé de négocier devant ma
résistance à acheter quoi que ce soit, je suis parti les mains vides. Et j’ai
marché le long des ghats, où bien sûr on tente de nous vendre plein de
produits, où les gens se baignent dans le Gange, où les enfants font voler des
cerfs-volants.
Tsé quand papa et maman disent de ne pas faire voler le
cerf-volant près des fils électriques. Ici, la règle ne tient pas.
Bien entendu, partout, il faut regarder où on met les pieds.
Ces odeurs qu’on aura l’impression de dégager, elles viendront de nos pieds… ou
plutôt, de ce qu’il y a sous nos semelles.
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