31 mars 2014

En route vers Udaipur

J'aurais bien aimé passer une journée de plus à Bundi. On dit qu'il y a des chutes qui valent le détour, pas trop loin du village. Mon nouvel ami Vicky, qui me proposait d'occuper ma journée, m'y aurait sûrement conduit sans problème.

Mais voilà. Je devais déjà prendre la route vers Udaipur. On m'avait envoyé un chauffeur, question de ne pas partir trop tard. Udaipur était à environ six heures de route. Le plan, c'était d'arrêter à Chittorgarh en chemin. Mais il pleuvait partout sur le nord de l'Inde. Et quand il pleut en Inde, c'est comme une énorme tempête de la Saint-Valentin au Québec...

Le chauffeur ne répondait pas à son téléphone. On m'en a trouvé un autre. Puis, le premier a répondu, si bien que c'était une course pour savoir qui me cueillerait à Bundi. Avec deux heures de retard, le départ était donné.


Le chauffeur ne parlait pas un anglais merveilleux. Il ne parlait pas vraiment, point. In pour six heures de silence... ou presque. Ce serait bien si seulement je n'étais pas coincé dans une voiture.

Nous avons rapidement quitté la route principale. Le chemin de terre, sous la pluie, était rempli de gros nids-de-poules. À travers les champs, on croisait sept ou huit bicoques, l'allure de rien, où vivaient des Indiens entassés, pieds nus, sans luxe aucun. Les villages, ils étaient minuscules. Des regroupements de quelques familles, rien de plus.

Nous avons finalement atteint la route de nouveau pour arriver à Chittorgarh en après-midi. Là, ce qu'il y a à voir, c'est principalement une énorme forteresse sur une montagne.

24 mars 2014

Coup de coeur pour Bundi

Bundi
J'ai aimé Varanasi d'emblée. Pour le chaos, l'histoire, la tradition. Il y a quelque chose dans sa frénésie. Mais j'hésite encore à lui donner le titre de ville favorite du Nord, surtout après mon passage à Bundi.

Bundi, c'est ce genre de petite ville où on omet de s'arrêter. Dans le Lonely Planet, on lui consacre quelques paragraphes, rien de plus. Et quand on est pressé, on cherche souvent à rentabiliser un séjour en visitant plusieurs attractions dans un court laps de temps. Contourner Bundi serait une grave erreur.

En même temps, ce qui fait le charme de cette petite ville, c'est justement parce que les touristes n'y abondent pas trop. Que les marchands n'ont pas encore pris l'habitude du harcèlement.

Pour mon premier petit-déjeuner, je me suis installé sur la terrasse, face au lac, pour profiter d'un semblant de soleil. Le repas est arrivé subito-presto pendant que des serveurs chassaient les singes qui rôdaient.

Quand est venu le temps d'explorer, j'ai pris la mauvaise direction. Je me suis aventuré là où les Blancs ne vont pas souvent. Sur le pas de leur porte, les Indiens me regardaient passer, m'envoyaient la main en même temps qu'un namaste. Rien de plus. Pas besoin de connaître mon nom. Pas besoin de savoir d'où je viens...

Étrange quand même ce sentiment de pouvoir se promener librement sans se faire harceler.

Je me suis donc dirigé, une fois mon erreur constatée, vers le palais abandonné. Le roi n'ayant pas d'héritier, il a légué ses avoirs à l'État, qui laissent le tout à l'abandon. Faut quand même payer pour entrer, s'entend, et on tente de nous louer un bâton de bois pour effrayer les singes, si jamais on voulait poursuivre l'ascension dans la montagne, vers le fort abandonné.

Vous avez dit confort?

Ma première chambre, de base.
Ma deuxième chambre, plus luxueuse
Le confort est toujours relatif. Je me suis passé ce commentaire après avoir fait une incursion dans des maisons indiennes à Jaipur, pour le festival des cerfs-volants. Elles sont généralement faites de béton, n'ont pas l'air terminées et l'ameublement n'est pas très élaboré.

On s'attend donc à ce que les hôtels soient de qualités inégales. Qu'on tombe parfois sur un lit moins confortable. Que la déco ne soit pas au goût du jour. Mettons! Et je peux dire que je ne suis pas très, très difficile. J'ai dormi sur des matelas qui sentaient le moisi, par terre, dans des huttes de la Thaïlande et du Vietnam. J'ai dormi à même le plancher dans les ryokans japonais et, oui, quand on fait du camping, on dort par terre dans le désert, les montagnes, que le sol soit rocheux, de sable ou incliné...

À Bundi, quand mon chauffeur de rickshaw a réussi à traverser les célébrations d'un mariage et m'a abandonné à mon hôtel, le Haveli Uma Megh, le propriétaire a souligné l'heure tardive. En raison du moment de la réservation, il ne lui restait qu'une chambre, qu'il disait.

13 mars 2014

PUSH-kar


Pushkar! D'emblée, il est décevant que j'aie passé si peu de temps dans cette ville.  Ses montagnes, ses temples... tous ces endroits qu'il aurait fait bon de visiter « à dos » de motocyclette.

À défaut d'avoir ce temps, je me suis engagé dans les ruelles pour rejoindre le lac sacré. On dit que ce lac est apparu quand Brahma a déposé là une fleur de lotus. Les Indiens viennent de partout pour un pèlerinage. Ils se baignent dans le lac, y font des offrandes.


Avant d'arriver au lac, déjà, j'ai croisé des musiciens très bruyants qui invitaient les touristes à se joindre à eux. Déjà, c'est un avant-goût de l'artificiel qui dilue l'authenticité de Pushkar.

Dans les rues longeant le lac, on comprend que le « push » dans Pushkar a sa raison d'être. On essaie par tous les moyens de nous convaincre d'acheter des trucs. On nous force presque à acheter de la marijuana aussi... Mais on dit qu'après quelques jours, quand on s'attarde, les commerçants nous reconnaissent et nous laissent tranquilles.

10 mars 2014

Jodhpur, le début du calme

Forteresse de Jodhpur
Jodhpur, c'était la première ville où j'ai déroché.  Dois-je attribuer tout le mérite à l'ambiance, aux citoyens, ou était-ce seulement le temps qui faisait son oeuvre?

Il faut dire que mon auberge était située à l'extérieur de la zone très touristique. Outre les chauffeurs de rickshaw, on ne sentait pas particulièrement la pression d'acheter ou de consommer.

En matinée, je me suis rendu à la forteresse pour visiter. Pour l'audioguide, beaucoup moins cher que le guide humain, il faut laisser une pièce d'identité. On insiste pour mon passeport. Sur la pancarte à l'entrée, on dit qu'un permis de conduire fera l'affaire. J'insiste à mon tour. Permis de conduire ce sera.

Pour une fois, l'audioguide vaut vraiment la peine. C'est que la forteresse n'a jamais été prise par l'ennemi. Notamment, ses portes ont été installées de façon à empêcher l'ennemi de l'enfoncer en prenant un élan. Des pics ont aussi été installés à la hauteur de la tête des éléphants, pour que ces grosses bestioles ne puissent pas défoncer la porte.

De la forteresse elle-même, la vue sur la ville est magnifique. Et si la place centrale paraît loin, on peut tout à fait s'y rendre à pied sans se fatiguer. On économise sur le transport et on découvre le quartier par le fait même.

5 mars 2014

En route vers Jodhpur


Ce matin-là, je me suis réveillé dans le désert. J'ai eu froid une partie de la nuit. Et je suis parti à dos de chameau vers le point de rencontre avec le Jeep qui me ramènerait en ville, à Jaisalmer.

En dehors des murs de la ville, je me suis lancé à la recherche du bureau de poste et d'un guichet automatique. Le seul guichet de la place fortifiée refusait de cracher les billets de banque.

J'ai trouvé le bureau de poste, où le principe de file d'attente ne fonctionne pas. Tout le monde se lançait devant moi et il a fallu que je m'impose pour réussir à obtenir des timbres. C'est de là, dans une boîte à l'entrée du désert, que j'ai posté mes cartes postales.

Je n'ai pas trouvé de guichet automatique, mais j'ai déniché un gamin qui a réparé la semelle de ma chaussure, qui menaçait de se détacher complètement. Comme partout ailleurs, il aurait souhaité que je lui donne le change exact, ce que je n'avais pas. Et comme par hasard, les Indiens finissent toujours par trouver quelques sous qui traînent pour nous donner du change.

On m'a plus tard placé dans un autobus vers Jodhpur, ce genre d'autobus qui attend sur le côté de la route ou qui s'arrête un peu partout sans qu'on sache vraiment où on est. Par pur hasard, je suis assis à côté du seul autre Blanc du bus.

2 mars 2014

Désert et accident de moto

Le désert de Thar, près de Jaisalmer
On m'avait donné rendez-vous vers 8 h pour lancer l'expédition dans le désert de Jaisalmer. Le départ était prévu près de la forteresse. On me conduirait donc jusque-là en moto.

Comme dans bien des endroits en Inde, on finit par accepter de grimper à l'arrière d'une moto, sans casque, et de se laisser conduire à vitesse folle dans les méandres des villages.

Ce matin-là, les rues étaient presque désertes. Mais il a suffi d'une distraction pour qu'on subisse une collision à un jet de pierre du marché. De l'arrière, j'ai vu l'autre moto arriver directement vers nous. Je me suis vu me fendre le crâne sur le pavé aussi, avec toute l'impuissance du monde.

L'impact n'a finalement pas été trop violent. Je ne suis même pas tombé. Les deux engins ont subi un peu de casse matérielle. L'autre conducteur s'était fait mal à un pied aussi. Mais ç'aurait pu être bien pire. Et comme on m'avait dit que les accidents pouvaient provoquer des émeutes en Inde, j'étais très heureux que tout se règle à l'amiable.

Du point de départ, nous sommes partis à quatre pour notre randonnée dans le désert : un Australien, deux Français et moi. Dès les premiers kilomètres, la conduite du chauffeur de notre Jeep est erratique. Rien de surprenant. Il avale le bitume à une vitesse qui rend inconfortable le couple de Français.

Nous nous arrêtons quelques minutes dans un village, où un adolescent m'adopte d'emblée pour me faire visiter. Il m'entraîne vers l'école et les maisons, au fond, au point où notre chauffeur s'est lancé à ma recherche après m'avoir perdu de vue. L'adolescent aurait bien aimé que je lui laisse ma casquette ou mes lunettes de soleil. Mais quand on s'apprête à passer toute une journée dans le désert, difficile de ne pas être égoïste un brin. Protection d'abord!