Dans la réserve de Cuyabeno |
La seule vraie façon d'explorer Cuyabeno est de prendre un de ces forfaits, puisqu'on atteint les refuges en bateau et qu'il faut forcément un guide pour explorer la forêt. J'espérais que tout se passe pour le mieux, puisque j'avais choisi l'Amazonie avant les îles Galapagos. Il faut le dire, c'est plus facile et moins cher d'aller vers l'est de l'Équateur que vers les îles.
Déjà, en partant, le voyage s'annonçait mémorable. La route directe entre Quito et Lago Agrio, la destination intermédiaire avant d'entrer dans la réserve, était coupée en raison d'un glissement de terrain. Il fallait donc partir plus tôt de la capitale et utiliser une route passant par Banos, ce qui nous rallongeait de quelques heures.
Alors que tout le monde s'assoupissait dans l'autobus, le véhicule s'est placé en porte-à-faux après un freinage brusque. Réveil en sursaut. Il n'a fallu que quelques secondes pour que je m'imagine que nous étions emportés par un glissement de terrain. C'était l'explication logique. Quinze secondes et une pensée : « C'est pas vrai! ». Le temps de se résigner et de réaliser mon impuissance. Mais l'autobus s'est redressé et a repris sa route. Je ne saurai jamais vraiment ce qui s'est passé.
À Lago Agrio, l'autobus nous dépose devant un des quelques restaurants de la ville. C'est là qu'on viendra nous cueillir pour nous amener aux habitations que nous avons choisies. On peut y prendre le petit-déjeuner rapidement avant de lancer l'expédition. Au bout d'un moment, les responsables de chacun des « lodges » se pointent et demandent à ses pensionnaires de se regrouper.
On prend donc un autre autobus pour nous mener au bateau qui, lui, nous emportera vers le gîte. Nos sacs à dos s'empilent dans une embarcation alors que nous montons dans une autre, à l'arrière. Pendant deux ou trois heures, lentement, nous descendons les canaux à tenter de repérer des oiseaux ou des singes dans les arbres.
Réserve de Cuyabeno |
Guacamayo Lodge |
Pour la première journée, le plan, c'est de manger et de prendre possession de sa chambre. Dans mon cas, j'étais en dortoir au Guacamayo Lodge. En général, on essaie de séparer les hommes et les femmes. On fournit le filet pour le lit. La salle de bain est de base, avec une petite porte battante au-dessus et au-dessous de laquelle il est facile de regarder sans se forcer. Si la porte est fermée, respectez l'intimité de vos colocs. Et l'eau chaude? Quelle eau chaude? Pour les plus peureux, prenez garde aux tarentules qui se cachent au plafond.
Le reste de la première journée consistait à chercher les dauphins et à se baigner dans un grand lac en observant le coucher de soleil. On dit qu'il y a des piranhas dans ces eaux... Bon, moi j'étais au lit, malade, alors pas de danger. Pour me faire retrouver la santé, on m'avait concocté une espèce de thé à l'ail. Miam!
Coucher de soleil dans la réserve de Cuyabeno |
Après le repas, nous avons cherché des crocodiles et des paresseux avant de retourner voir le coucher du soleil. Ensuite, nous sommes retournés dans la forêt, cette fois pour observer la faune de nuit avec nos lampes de poche. Araignées et serpents sont à l'honneur. Le moment le plus magique? Quand tout le monde se tait et éteint ses torches pour écouter l'Amazonie la nuit. Ça gazouille assurément.
La nuit dans l'Amazonie. Une petite araignée. |
Un chaman à Puerto Bolivar |
On cuisine le manioc |
Pour être honnête, une activité était organisée au matin du quatrième jour, soit celle de l'observation d'oiseaux dans la tour prévue à cet effet au camp. Notre guide, avec le même oeil averti, en a dégoté plusieurs avec ses jumelles.
Le retour n'a pas été simple, après le bateau et beaucoup d'attente pour retourner vers Lago Agrio. On nous proposait une navette « privée » qui devait nous mener directement à Quito, ou de partir de la gare publique avec le transport « normal », ce qui nous pousserait à nous débrouiller pour rentrer à l'hôtel en plein milieu de la nuit à Quito. Le problème, c'est qu'on nous dit qu'il est dangereux de nous promener la nuit dans la capitale.
J'ai pris une chance avec la navette privée, ai eu quelques frousses sur la route et suis arrivé à Quito à 3 h du matin, heure à laquelle le chauffeur a refusé de me laisser devant mon auberge, même si nous passions à un coin de rue. Il m'a fait descendre à une autre auberge, où on a refusé d'appeler un taxi pour moi tout en me disant qu'il était dangereux de rester dans la rue. Par pure chance, un taxi déposait des clients près de nous quelques minutes plus tard, ce qui m'a permis de rentrer en toute sécurité.
Au final, l'Amazonie, c'est une belle escapade loin des agglomérations. C'est un joyau qu'il faut absolument protéger. Y parviendra-t-on? À tout le moins, je l'aurai vu avant que nous le changions à jamais.
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