13 août 2013

Un an et quatre continents plus tard

Paraty, Brésil
Voilà qui tourne probablement la dernière page de l'histoire. Un an que je suis revenu de mon périple autour du monde. Une dernière célébration, peut-être. Parce que c'est comme ça dans la vie. On compte les jours qui nous séparent d'un moment important, on célèbre le premier anniversaire, et on le range jusqu'à ce qu'une décennie ait passé.

Une année, ça passe tellement vite. Mais c'est long aussi. Je parle maintenant au passé de mon tour du monde, comme si ça s'était passé il y a des siècles. Les images se figent, la vie reprend, et je me déteste un peu pour ça. Il me reste encore des albums à confectionner, des histoires à raconter, mais le temps va...

La vie nous pousse en avant. Le temps aussi. Et si on le freine un brin quand le passeport devient l'objet le plus précieux qu'on puisse posséder, il repart vitesse grand V dès qu'on reprend sa place derrière l'ordinateur du bureau.

J'ai rencontré un ami au Japon. Il s'offre présentement son propre tour du monde. Je souris pour chaque photo. Je revois dans ces lieux que j'ai investis, le bonheur que j'y ai laissé, à défaut de pouvoir le voler à ces terres étrangères.



Il m'aura fallu quatre mois pour revenir complètement. Pour accepter d'être chez moi. Mais je suis reparti. Trois fois. Sur quatre continents. Et je sens l'appel du large qui revient plus fort jour après jour. Je le dis encore : un jour, je disparaîtrai. Je remettrai les voiles, et puis voilà.

S'il y a une chose que j'ai acceptée, c'est qu'on me dira toujours que je suis chanceux. Que je ne devrais pas avoir envie de repartir après avoir pris l'avion aussi souvent dans la dernière année. Les autres, je les laisse parler.

J'ai appris qu'il faut vivre pour soi, point. Même si je n'y arrive pas parfaitement. J'ai appris aussi que rien n'est impossible, même si j'oublie parfois. À défaut de pouvoir monter toutes les montagnes, je me permets de rêver et de me donner les moyens d'y arriver. J'accepte de ne plus voir plus loin que demain. J'élimine lentement les scénarios catastrophe que j'aime bien me construire. Ils arriveront, ou pas, de toute façon. J'ai appris à agir plutôt que de regretter.

Oui, j'arrive à me détester d'oublier. De reprendre les mauvais plis dont je m'étais débarassé. De stresser pour rien. D'oublier que je m'étais promis qu'il n'y aurait plus de compromis. De rager contre la circulation. De m'impatienter pour toutes ces choses qui n'arrivent pas assez vite. D'oublier de rêver. De m'ancrer dans la routine.

J'espère que je n'oublierai jamais, et surtout que je repartirai. Souvent. Et que les meilleurs amis du monde, que j'ai dénichés aux quatre coins du globe, sauront toujours me le rappeler.

À défaut de reprendre l'avion plus souvent, j'ai revu Ross et Peter à Ottawa, Louiza à New York, Casey à Philadelphie, Uriel et Alex en Californie, Morti à Montréal, Janet-Lee à Québec, Kim, Marit et Erik à Amsterdam, de même que Julie et Philippe à quelques minutes de chez moi. Et il y a tous ceux qui, à défaut de me rejoindre dans un fuseau horaire précis, animent Skype et Facebook. Basta à tous ceux qui croyaient que ces amitiés s'évanouiraient. Ces gens-là, ils me manquent encore.

À tout le moins, peu importe le montant que j'ai dû débourser pour six mois à errer sur la planète, je me sens aujourd'hui beaucoup plus riche. Et bien égoïstement, j'ai envie de garder toute cette richesse pour moi.

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