27 octobre 2012

De l'intérêt de voyager seul

La question revient souvent : tu ne t'ennuies pas à voyager seul?

Ou encore, on chante mes louanges pour mon courage : moi je ne serais tellement pas capable... J'ai besoin de partager quand je voyage.

Je ne vous raconterai pas ma vie. Quoique...

J'ai commencé à voyager solo à ma deuxième présence en Europe. Presque trois ans après avoir débarqué sur le Vieux Continent la première fois.

Truth is out : j'ai eu la frousse un brin. Prendre l'avion tout seul. Arriver à l'étranger sans personne pour m'aider à me retrouver si je me perds...

L'affaire, c'est que dans l'avion, j'ai déjà eu la chance de discuter avec une parfaite inconnue. Enrichissant. Dans l'avion suivant, qui me menait vers Varsovie en Pologne, j'ai rencontré une Française qui parlait le polonais. Elle m'a guidé jusqu'à mon auberge de jeunesse. J'ai reporté les inquiétudes au lendemain.


Je ne mentirai pas, ce lendemain, avec le pavé de Varsovie sous les semelles, les enseignes en polonais, j'ai eu le cafard. L'envie de me rouler en boule et d'attendre de disparaître. Mais la vie, ça ne marche pas comme ça. Une grande respiration. Un coup de pied bien placé. Et hop! J'ai survécu. Pendant deux semaines.

Trois ans plus tard, je partais pour six mois, autour du monde, toujours en solo. Et je ne regrette rien. J'y ai même rencontré un ami qui décrit sa femme idéale comme une partenaire qui le laisserait voyager seul. Fort quand même.

Pourquoi? Parce qu'au-delà de la peur de la solitude se cache un plaisir que je ne souhaite pas bouder. Celui d'être seul avec soi-même, d'apprendre à se faire confiance, de se forcer à faire des choix. Celui d'être 100 % soi, de se tromper sans qu'on nous le remette sur le nez, d'avoir l'espace pour penser.

Prendre la route seul, c'est contrôler son horaire, ses dépenses, ses activités. C'est se forcer à devenir sociable. Vous iriez, vous, parler à un couple qui se dévore des yeux dans un coin d'une auberge de jeunesse? Vous auriez envie de faire la connaissance d'une fraternité de cinq étrangers qui se racontent des blagues très fort?

Quand on voyage seul, on vit sa solitude quand on en a envie. On se trouve des amis quand on en a envie. On fait des compromis quand ça nous dit. Et la beauté de la chose, c'est qu'on n'est pas obligés de passer du temps avec des gens inintéressants... sauf si c'est notre frère, notre « meilleur ami » ou un collègue de travail... qu'on a accepté de traîner avec nous.

J'ai été malade en voyage. Des inconnus ont pris soin de moi. Je me suis perdu. Des inconnus ont pris soin de moi. J'ai eu envie de découverte. Des inconnus m'ont permis de découvrir un tas de trucs.

Je ne voyage pas pour me sentir comme à la maison. Voyager en groupe, pour moi, c'est partager une expérience avec d'autres. J'aime... des fois. Voyager seul, pour moi, c'est partager le monde. Point.

Je ne dis pas que c'est la seule ou la meilleure façon de voyager. Seulement, on sait ce que ça vaut pour nous uniquement après l'avoir essayé.

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