27 juillet 2014

Les secrets de Sarajevo

Sarajevo

Le cimetière juif, où les snipers pouvaient se cacher pour tirer sur la population, en bas de la montagne.
On voit aussi le parlement (tour blanche) et le Holliday Inn (en jaune), deux symboles de la guerre de Yougoslavie.
Pour commencer le voyage lentement, je me suis résolu à prendre un tour guidé. J'ai l'habitude de les suivre quand ils sont gratuits et qu'il est possible de donner un pourboire à la fin. Ça nous fait découvrir les environs et une partie de l'histoire sans trop forcer. Après, on avance à son rythme.

Mais ce tour-là, il fallait le payer. Guide privé. Le sujet : le siège de Sarajevo.

J'ai quand même eu le temps de me promener un brin pour voir la cathédrale et sa statut de Jean-Paul II et pour m'arrêter une première fois au pont Latin, où François-Ferdinand a été assassiné. Ensuite, j'ai rejoint le guide qui m'attendait à l'auberge.

Nous n'étions que deux à monter dans sa voiture. Il préfère les petits groupes, intimes, qu'il dit. Et il nous emmène un peu à l'extérieur du centre-ville pour nous montrer les vraies choses.

Premier arrêt : le cimetière juif, un des plus vieux cimetières de la ville. Calme et paisible, il était pourtant un repaire pour les snipers durant la guerre de Yougoslavie. Cachés derrière les pierres tombales, ils arrivaient à tirer sur les civils qui se promenaient dehors en bas de la montagne.

Nous avons poursuivi vers un monument aux victimes de la Deuxième Guerre mondiale, laissé à l'abandon parce que les priorités sont ailleurs. En chemin, il nous montre une maison. C'est là que vivait un résistant qui avait mis la main sur une mine antichar. Une mine. Une seule. Quand les chars d'assaut ont commencé à défiler sur la montagne, pensant envahir la ville, l'homme a tenté sa chance, a déposé la mine au milieu de la rue devant sa maison.



Le premier char a sauté. Les autres ont reculé, croyant les civils mieux armés qu'ils ne le pensaient au départ. Selon notre guide, le résidant de cette maison a empêché une invasion pure et simple.

Nous sommes aussi allés dans la montagne, d'où la vue sur la ville permet de comprendre pourquoi c'était l'endroit idéal pour les envahisseurs. Nous y avons pris un café bosniaque, en tous points semblable au café turc, et notre guide nous a raconté comment il avait vécu la guerre. Il nous a dit que sa copine était enceinte et qu'il ne voulait pas élever son enfant dans ce pays qui n'était plus le sien.

Il nous a raconté les tireurs qui s'amusaient à effrayer les habitants, les amis d'autrefois devenus ennemis, la nourriture pourrie qu'il devait manger et ses craintes qu'un nouveau conflit éclate bientôt.

Il nous a aussi montré les premières minutes d'un documentaire qu'il prépare au sujet d'une trêve de deux jours qui a permis au chanteur d'Iron Maiden d'offrir un concert dans la zone de guerre.

J'ai été tellement absorbé, tellement touché par ses histoires que j'en ai oublié de prendre des photos.

Nous avons parcouru quelques autres points d'intérêt avant qu'il ne nous ramène à l'auberge. J'étais ébranlé. Le voyage s'amorçait sur une note particulièrement percutante.

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