26 juin 2016

Une journée à Dala en Birmanie

Le marché de Dala
Pour la deuxième journée en Birmanie, avec mon ami Christian, j'ai décidé d'accepter l'invitation de Kotoo, rencontré la veille. Pour la journée, il nous proposait de nous faire visiter Dala, son coin de village, de l'autre côté de la rivière Yangon.

Nous l'avons rejoint dans le parc Mahabandoola, où il nous attendait avec son père. Il nous a entraînés vers le traversier alors que nous nous demandions s'il était vraiment sécuritaire de faire confiance à ces étrangers. Nous avons choisi de prendre le risque tout en gardant l'option de changer d'idée un peu plus tard. Il fallait notamment prendre en compte que la criminalité envers les touristes est très faible en Birmanie et les châtiments imposés aux voyous sont très sévères.

Pour le traversier, le coût du billet est environ dix fois plus élevé pour les touristes, qui doivent s'enregistrer. Kotoo nous raconte qu'il s'agit d'une mesure de sécurité. Si les touristes ne reviennent pas, on se lancera à leur recherche. Seul hic, c'est qu'on ne nous a pas demandé de décliner notre identité au retour... On nous a par ailleurs donné une bouteille d'eau avec l'achat du billet.

Là où on s'est probablement fait avoir, c'est dans la location de motocyclettes. Kotoo nous a assuré que son père avait négocié pour nous et qu'il nous faudrait débourser chacun 25 000 kyats pour notre engin. Ça nous semblait beaucoup (surtout qu'on finirait par en avoir une électrique pour une journée à Bagan pour 7000 kyats), mais nous ignorions encore la valeur des choses à ce moment-là.


Notre guide nous a d'abord emmenés au marché local où nous avons vu des fruits inhabituels, mais surtout, des femmes qui travaillent à écailler les poissons, à couper la viande, à négocier le prix des aliments. Elles sont pour la plupart assises directement sur leur table de travail.

Dans la section des viandes, l'odeur est particulièrement intense. On peut voir quelques chiens traîner dans l'espoir d'être nourris. Et aussi, des jeunes enfants qui passent la journée là à attendre que leur mère finisse la besogne. De toute évidence, les étrangers ne sont pas légion ici. Mais il n'est pas impossible que nous ne soyons pas les premiers que Kotoo entraîne par là.

Voilà les ingrédients de notre dîner.


Plusieurs petits kiosques s'entassaient de chaque côté de la rue.
Après, notre guide insistait pour nous payer le repas. On s'imagine bien qu'avec tout ce qu'on lui a donné pour les motocyclettes, il parviendra à payer pour notre nourriture. Nous nous engageons sur un chemin de terre bordé de fanions. Quelques temples sont disséminés çà et là. Et en bordure de route sont entassés des dizaines de petits kiosques de bois où des femmes préparent à manger.

Nous nous arrêtons à l'un d'entre eux, nous tirant un siège et attendant qu'elle prépare une soupe shan, dans laquelle elle lance toutes sortes d'ingrédients et un peu d'eau bouillante.

C'est là que j'ai demandé à Kotoo s'il emmenait souvent les touristes ici. Il m'a répondu que non... On peut bien sûr douter.

Nous avons poursuivi sur nos motocyclettes, sillonnant la campagne, apercevant un semblant de dépotoir à ciel ouvert notamment. Pour être honnête, c'était la vraie de vraie campagne birmane que je n'aurais pas explorée par moi-même. Puis, nous nous sommes arrêtés sur un pont, d'où on apercevait une rivière qui a débordé lors du passade du dernier typhon, Nargis, en 2008.

Un des points de vue à partir du pont
Et nous avons rebroussé chemin vers le temple Mwe Paya, situé au milieu d'un lac. Quatre passerelles, une de chaque côté, permet d'y accéder.

La particularité de Mwe Pawa, c'est qu'on y trouve sept pythons vivant en liberté. Ils ne seraient nourris, semble-t-il, qu'avec du lait. Si vous êtes courageux, vous pouvez vous aventurer à les toucher.

Mwe Paya


Ùn python à Mwe Paya
De là, nous sommes finalement partis vers la maison de Kotoo. Nous avons louvoyé dans des rues étroites où quantité de petites maisons s'entassaient. Les enfants marchaient un peu partout, de retour de l'école, et on sentait que c'était là que la vie se déroulait vraiment, bien au contraire des grandes rues de Yangon. Parce que là, c'était véritablement un village avec ses enchevêtrements de petits passages.

La maison de Kotoo n'était pas complètement terminée. On venait de poser les volets aux fenêtres du rez-de-chaussée, semble-t-il, Des bâches couvraient les ouvertures du deuxième étage. Une petite table était dressée au milieu de la pièce pendant que la mère de famille regardait la télévision.

Le père de Kotoo avec le repas qui nous attendait.
Nous nous sommes assis par terre et nous avons goûté plusieurs des plats offerts pendant que Kotoo nous racontait la destruction de la maison, pendant le typhon Nargis. Sa famille avait miraculeusement survécu quand un arbre s'était abattu sur leur demeure. Les enfants avaient été forcés de travailler pour tenter de financer la reconstruction, surtout après que le père eut subi un accident cardio-vasculaire. Une de ses mains ne se déplie d'ailleurs toujours pas.

C'est pendant qu'on mangeait que Kotoo a raconté que les volets aux fenêtres étaient une bénédiction. Parce que la nuit, les chats errants entrent dans la maison et vont lécher la vaisselle et manger la nourriture qui n'a pas été placée à l'abri. Tous les jours, il faut donc laver la vaisselle avant l'utilisation pour éviter de tomber malade. Nous avons jeté un coup d'oeil rapide aux plats qui se trouvaient devant nous. Trop tard. Il faudrait assumer que nous avons mangé là sans savoir si les assiettes étaient propres.

Notre guide nous a ensuite montré à nous faire une espèce de masque d'argile, comme se font parfois les Birmans. Il s'agit d'une façon de se rafraîchir et de se protéger du soleil. Il suffit en fait de verser de l'eau sur une grosse pierre, qu'on frotte avec un morceau de bois.

Au deuxième étage, il n'y avait qu'une seule grande pièce également, qui servait de bureau le jour et de chambre à coucher la nuit. Seulement, il n'y avait pas de meubles. Seulement des matelas.

Kotoo et sa famille nous ont offert quelques cadeaux et nous ont demandé si nous souhaitions contribuer financièrement à la rénovation de la maison. Haaaa! C'était donc ça.

Nous leur avons filé quelques billets, pas plus que nous aurions payé pour un guide pour une journée, et Kotoo nous a ramenés jusqu'à Yangon, en nous guidant jusqu'au traversier.

Fait intéressant, un Américain de la Californie m'a écrit pour me dire avoir vécu exactement la même expérience que nous avec Kotoo. Le doute était fondé et il est bien évident qu'il s'agit d'un moyen pour sa famille de recueillir plus d'argent.
Le traversier quitte Yangon vers Dala.
Pour ce soir-là, nous avions réservé un bus de nuit, en première classe, pour nous rendre à Mandalay. Haaaa, la première classe. Je vous raconte bientôt. 

3 commentaires:

  1. Same thing here for us! We went there in May and yes we had a good day though. I still loved his family!

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  2. Bonjour.
    Nous écrivons ce petit message car malheureusement nous avons pas eu cette information avant de venir à yangon et il nous est arrivé exactement la même chose aujourd'hui. Donc il faut continuer à s'en méfier.

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  3. Ahah, en 2018 rien n'a changé, il m'est arrivé la même chose aujourd'hui ... Bilan mitigé parce que c'était une bonne journée mais le petit regret de s'être fait mentir quand même... Même scénario avec son père et tout le reste. La maison de kotoo (ce ne sont probablement pas vraiment ses parents) n'est pas terminée mais ils ont tous un iphone, deux télés et autres gadgets electroniques...
    Idem, j'ai laissé le prix que j'aurais mis pour un guide pour qu'ils puissent "réparer le toit"

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