19 juin 2017

Kigali en une journée

Centre-ville de Kigali

L'aéroport de Kigali est tout petit. Il faut quand même un peu de temps pour qu'on termine la vérification du passeport et qu'on y colle le visa, rempli à la main. Le sourire n'est pas inclus dans l'accueil.

La chance, j'ai des amis qui vivaient à Kigali au moment de mon passage et qui sont venus me chercher en voiture. À première vue, la capitale rwandaise paraît étendue, mais conserve une bonne proportion de nature. Outre quelques gratte-ciel au centre, les bâtiments sont plutôt modestes.

Avec ses nombreuses collines, j'avoue que j'étais un brin désorienté à savoir par où il fallait passer pour atteindre la destination souhaitée. Il faut parfois contourner une colline, monter et redescendre, ce qui contraste avec notre habitude de circuler en ligne droite. Et il faut prendre sa place dans la circulation, parce qu'on ne vous fera pas de cadeaux.

L'appartement de mes amis se trouvait à flanc de colline avec une vue vers une espèce de bidonville.

« C'est beau en bas? Ils sont gentils les gens? » que je demande.

Aucune idée, répondent mes amis, qui ne s'y sont jamais aventurés.
Le bidonville près de la résidence de mes amis

Laissant tous mes effets personnels derrière, je suis descendu vers le regroupement de petites maisons de fortune. Les adultes me regardaient d'un air étrange alors que les enfants accouraient, pratiquaient leur anglais. Parce que le français disparaît à vitesse grand V dans la capitale. Et que les enfants apprennent l'anglais.

Rapidement, les « Give me money » affluent. Suffit de se faire l'oreille et on comprend. Une dizaine de minutes plus tard, je suis rentré.

Ma première activité, après avoir hélé un boda-boda, ces moto-taxis à prix plus qu'abordable, était de récupérer mon permis pour visiter les gorilles dans la région de Kinigi, à la frontière avec l'Ouganda et le Congo. Le bureau du tourisme se trouvait au centre-ville de Kigali, où on n'entre nulle part, ou presque, sans passer au détecteur de métal.

Le fameux permis, une copie conforme de celui qu'on m'avait envoyé par courriel, m'aura gobé deux heures. On insistait pourtant pour que je passe le prendre, alors qu'il ne s'agissait que d'une vulgaire feuille de papier, comme celle que j'avais imprimée.

Même au bureau du tourisme, où j'ai cueilli mon permis, on hésitait à fournir une réponse quand je demandais ce qu'il y a à voir à Kigali. On m'a recommandé l'Hôtel des Mille Collines, historique du fait qu'on y a sauvé un millier de Rwandais pendant le génocide. Et le Camp Kigali.

Camp Kigali

Camp Kigali

Celui là, désert à mon arrivée, est le lieu où dix casques bleus belges ont été assassinés le 7 avril 1994 pendant le génocide. Armés seulement de pistolets, ils se sont réfugiés dans une école, où ils ont résisté pendant deux heures. Au final, ils ont tout de même été abattus.

À mon arrivée, Cyprien, le jardinier, affirmait être aussi le guide. Il m'a fait faire le tour du bâtiment, où quelques panneaux d'interprétation ont été installés. Sur une ardoise, des membres des familles des victimes ont aussi laissé des messages. Dans le jardin, une dizaine de stèles commémoratives ont été érigées.

À ma sortie, Jane, une étudiante, m'a abordé et a demandé si elle pouvait me suivre. Elle m'a amené à la station de bus locale, celle où se rassemblent les véhicules du transport en commun à l'intérieur de la ville, pour manger dans une espèce de buffet. Bien sûr, elle m'a demandé si je pouvais lui payer le repas. Considérant le prix, et parce que je pouvais échanger avec une Rwandaise, j'ai accepté.

Nous avons ensuite pris un de ces bus vers le Kigali Genocide Memorial, un musée complet, poignant, qui raconte le génocide du Rwanda, mais qui consacre aussi un étage aux autres grands génocides : l'Holocauste, le Cambodge, la Bosnie, la Namibie, l'Arménie...

Kigali Genocide Memorial

Un audioguide est disponible. Si vous aimez les musées et voulez en apprendre beaucoup sur l'histoire du génocide, il peut être utile. Si comme moi, au bout de deux heures, vous êtes certain d'en avoir assez, la seule lecture des panneaux d'interprétation suffira.

Les images et les témoignages sont durs. On présente les prémisses du génocide, comment les classes Hutu et Tutsi ne sont rien d'autre qu'une création européenne. Comment les Hutus s'en prenaient tout à coup aux Tutsis qu'ils côtoyaient quotidiennement. Comment une femme est demeurée cachée plusieurs jours dans un plafond. Comment des femmes étaient violées, laissées pour mortes.

Les plus sensibles seront troublés par la galerie de l'avenir perdu, la section consacrée aux enfants. Là, des portraits géants présentent de mignonnes petites bouilles souriantes. Ces gamins ont pourtant été assassinés. Sous chaque photo, un écriteau donne le nom de l'enfant, son âge et la façon dont il est mort.

Une salle de réflexion, calme, a été prévue pour permettre de décompresser après la vue de toutes ces images. Il est aussi possible de déambuler dans le jardin, aussi conçu pour inspirer le calme.

De là, je suis rentré pour célébrer l'anniversaire de mon amie, qui avait invité quelques collègues à son appartement pour l'occasion. Jane m'a aidé à trouver un boda-boda et à négocier le prix pour qu'il soit raisonnable.

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