6 décembre 2015

Trois jours, trois nuits en Amazonie

Dans la réserve de Cuyabeno
Il existe quelques parcs nationaux en Amazonie en Équateur. Le plus accessible, celui qu'on peut probablement visiter le plus facilement, est celui de Cuyabeno. C'est là que j'ai décidé d'aller passer trois jours et trois nuits. Techniquement, on vous vendra le forfait en vous disant que vous resterez quatre jours, mais la dernière journée est entièrement consacrée au retour.

La seule vraie façon d'explorer Cuyabeno est de prendre un de ces forfaits, puisqu'on atteint les refuges en bateau et qu'il faut forcément un guide pour explorer la forêt. J'espérais que tout se passe pour le mieux, puisque j'avais choisi l'Amazonie avant les îles Galapagos. Il faut le dire, c'est plus facile et moins cher d'aller vers l'est de l'Équateur que vers les îles.

Déjà, en partant, le voyage s'annonçait mémorable. La route directe entre Quito et Lago Agrio, la destination intermédiaire avant d'entrer dans la réserve, était coupée en raison d'un glissement de terrain. Il fallait donc partir plus tôt de la capitale et utiliser une route passant par Banos, ce qui nous rallongeait de quelques heures.

Alors que tout le monde s'assoupissait dans l'autobus, le véhicule s'est placé en porte-à-faux après un freinage brusque. Réveil en sursaut. Il n'a fallu que quelques secondes pour que je m'imagine que nous étions emportés par un glissement de terrain. C'était l'explication logique. Quinze secondes et une pensée : « C'est pas vrai! ». Le temps de se résigner et de réaliser mon impuissance. Mais l'autobus s'est redressé et a repris sa route. Je ne saurai jamais vraiment ce qui s'est passé.


À Lago Agrio, l'autobus nous dépose devant un des quelques restaurants de la ville. C'est là qu'on viendra nous cueillir pour nous amener aux habitations que nous avons choisies. On peut y prendre le petit-déjeuner rapidement avant de lancer l'expédition. Au bout d'un moment, les responsables de chacun des « lodges » se pointent et demandent à ses pensionnaires de se regrouper.

On prend donc un autre autobus pour nous mener au bateau qui, lui, nous emportera vers le gîte. Nos sacs à dos s'empilent dans une embarcation alors que nous montons dans une autre, à l'arrière. Pendant deux ou trois heures, lentement, nous descendons les canaux à tenter de repérer des oiseaux ou des singes dans les arbres.

Réserve de Cuyabeno

Guacamayo Lodge
À noter que la pluie peut être au rendez-vous sans s'annoncer et qu'il est impératif d'avoir avec soi des vêtements imperméables ou quelque chose pour couvrir ne serait-ce que son appareil photo. Une fois au gîte, on nous fournira des bottes de caoutchouc et un imperméable, mais l'efficacité du second laisse à désirer.

Pour la première journée, le plan, c'est de manger et de prendre possession de sa chambre. Dans mon cas, j'étais en dortoir au Guacamayo Lodge. En général, on essaie de séparer les hommes et les femmes. On fournit le filet pour le lit. La salle de bain est de base, avec une petite porte battante au-dessus et au-dessous de laquelle il est facile de regarder sans se forcer. Si la porte est fermée, respectez l'intimité de vos colocs. Et l'eau chaude? Quelle eau chaude? Pour les plus peureux, prenez garde aux tarentules qui se cachent au plafond.

Le reste de la première journée consistait à chercher les dauphins et à se baigner dans un grand lac en observant le coucher de soleil. On dit qu'il y a des piranhas dans ces eaux... Bon, moi j'étais au lit, malade, alors pas de danger. Pour me faire retrouver la santé, on m'avait concocté une espèce de thé à l'ail. Miam!

Coucher de soleil dans la réserve de Cuyabeno
Le deuxième jour visait d'abord une promenade dans la forêt. On nous raconte l'histoire de certaines plantes, de plusieurs bestioles aussi. Le guide a l'oeil vif et sait repérer des grenouilles miniatures très toxiques, des colonies de fourmis qui transportent des feuilles ou des fourmis beaucoup plus grosses... qui sont elles aussi toxiques si elles vous piquent. Dès le départ, le message est clair : ne touchez à rien. Il suffit de s'accrocher à la mauvaise tige pour se retrouver avec des démangeaisons, ou pire, des brûlures. Et au fond du bois, à plus de deux heures du plus proche hôpital, on veut éviter les urgences. On aperçoit même des arbres qui ont traversé le temps depuis la préhistoire, puisque cette portion de l'Amazonie n'a pas subi la glaciation...

Après le repas, nous avons cherché des crocodiles et des paresseux avant de retourner voir le coucher du soleil. Ensuite, nous sommes retournés dans la forêt, cette fois pour observer la faune de nuit avec nos lampes de poche. Araignées et serpents sont à l'honneur. Le moment le plus magique? Quand tout le monde se tait et éteint ses torches pour écouter l'Amazonie la nuit. Ça gazouille assurément.

La nuit dans l'Amazonie. Une petite araignée.
Au jour trois, en matinée, on part vers un village typique d'Amazonie. En chemin, on voit des anacondas, de gros singes très velus et de très, très petits singes aux grands yeux. Notre arrêt, il est à Puerto Bolivar pour rencontrer un chaman qui nous explique les nombreuses traditions de son village. On participe aussi à un concours de sarbacane pour le plaisir. La cible : un gros fruit vert. Pour les annales, j'ai touché la cible deux fois en deux essais. Belle chance du débutant.

Un chaman à Puerto Bolivar
Un peu plus loin sur le cours d'eau, nous sommes descendus dans un autre village pour aller voir les séquoias géants, pour manger le repas qu'on nous avait apporté et surtout, pour voir la cueillette du manioc et sa transformation. On doit le peler, le râper, en extraire tout le liquide avant d'en faire cuire des galettes. Excellent.

On cuisine le manioc
En soirée, nous avons une nouvelle fois regardé le coucher du soleil sur le lac et nous avons déranger un boa qui essayait simplement de dormir en paix.

Pour être honnête, une activité était organisée au matin du quatrième jour, soit celle de l'observation d'oiseaux dans la tour prévue à cet effet au camp. Notre guide, avec le même oeil averti, en a dégoté plusieurs avec ses jumelles.

Le retour n'a pas été simple, après le bateau et beaucoup d'attente pour retourner vers Lago Agrio. On nous proposait une navette « privée » qui devait nous mener directement à Quito, ou de partir de la gare publique avec le transport « normal », ce qui nous pousserait à nous débrouiller pour rentrer à l'hôtel en plein milieu de la nuit à Quito. Le problème, c'est qu'on nous dit qu'il est dangereux de nous promener la nuit dans la capitale.

J'ai pris une chance avec la navette privée, ai eu quelques frousses sur la route et suis arrivé à Quito à 3 h du matin, heure à laquelle le chauffeur a refusé de me laisser devant mon auberge, même si nous passions à un coin de rue. Il m'a fait descendre à une autre auberge, où on a refusé d'appeler un taxi pour moi tout en me disant qu'il était dangereux de rester dans la rue. Par pure chance, un taxi déposait des clients près de nous quelques minutes plus tard, ce qui m'a permis de rentrer en toute sécurité.

Au final, l'Amazonie, c'est une belle escapade loin des agglomérations. C'est un joyau qu'il faut absolument protéger. Y parviendra-t-on? À tout le moins, je l'aurai vu avant que nous le changions à jamais.

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